Chaque année, ma sœur et moi passions une semaine chez notre grand-mère pendant l'été.
Un arbre noueux poussait près du porche d'entrée. Le tronc s'était divisé en plusieurs pousses il y a des années, et il y avait un endroit assez grand pour s'y tenir debout.
Un tonneau de pluie se trouvait sous la gouttière, frais et profond, sentant l'air de l'orage.
Dans la lumière de l'aube, je me suis réveillée avec des cris de tourterelles tristes et le sifflement de trains lointains. La texture du lit me rappelait que j'étais en sécurité.
Ma grand-mère avait des assiettes en porcelaine bleue et blanche et des couteaux avec des manches en bois. Je me souviens de l'avoir aidée à faire la vaisselle, avec un torchon qui sentait aussi bon que les draps et la couette du lit où j'avais dormi.
Il y avait tant d'endroits où se cacher pour lire des livres dans la maison de grand-mère. L'espace parfumé par la poussière entre le lit et les murs blancs à la texture de galets. Je me souviens de la sensation de caoutchouc que j'éprouvais lorsque je passais ma main sur cette texture. Il y avait parfois des araignées - lentes, à longues pattes et bronzées. Leur présence ne me dérangeait pas lorsque nous étions seuls ensemble.
J'aimerais pouvoir dire à ma grand-mère merci pour l'espace qu'elle a créé.
J'adorais arroser ses fleurs. Je plongeais l'arrosoir en plastique moulé dans les profondeurs du tonneau d'eau de pluie et je faisais le tour de la maison, les bras séchant au soleil.
"Mes pauvres fleurs !" Je l'entends encore dire, après l'une de mes visites les plus enthousiastes. Elle n'a jamais voulu que je me sente mal d'avoir aidé, alors j'ai trop imbibé ses fleurs plus d'une fois.
Parfois, j'aimerais pouvoir visiter à nouveau cette maison. Passer le buisson de lilas, passer l'arbre. Franchir la porte brune pour accéder aux pièces qui, à jamais dans ma mémoire, me rappelleront l'endroit où j'ai appris à aimer lire toute seule. C'est ici qu'est née la sécurité des histoires.